JEUDI 25 AOÛT 2022

Maths, analyses, perf: le challenge intellectuel des portfolio managers

Série de métiers

Témoignage de Dayana Carrea pour Bilan Campus
EN BREF
Dayana Carrea s’est spécialisée dans les investissements au sein de la Vaudoise Assurances. Un métier polyvalent où la rigueur et l’esprit critique sont de mise. Témoignage.

La gestion de portefeuille, c’est avant tout de l’optimisation sous contraintes. Maximiser la performance ou le ratio rendement/risque d’un portefeuille en intégrant les contraintes particulièrement nombreuses du domaine de l’assurance, qu’elles soient comptables, liées à la solvabilité, aux engagements d’assurance ou purement financières. Une profession qui demande à la fois de prendre des décisions, de sélectionner ainsi que de superviser les investissements qui répondent aux objectifs financiers fixés par la clientèle, une entreprise ou une institution. «Le département Asset Management gère tous les placements financiers de l’entreprise qui sont répartis en plusieurs catégories: actions, obligations, immobilier et alternatifs», explique Dayana Carrea, 26 ans, portfolio manager chez Vaudoise Assurances depuis deux ans. Cette Morgienne fait partie d’une équipe de huit personnes qui s’occupe de tous les placements hors immobilier et hypothèque. La petite taille de l’équipe, au vu du degré de sophistication relativement élevé, rend le travail quotidien particulièrement varié et demande un grand nombre de compétences techniques.

Formation

Son parcours universitaire a duré au total cinq ans. Après un bachelor en finance à l’HEC Lausanne où elle a passé sa dernière année en Angleterre, Dayana Carrea y a obtenu son master en finance en août 2019. Au moment de réaliser leur mémoire, les étudiantes et étudiants avaient la possibilité de le faire en cours d’emploi. Une opportunité qu’elle a saisie en réalisant son stage de fin de master chez Renault Finance, sa première expérience professionnelle. Puis en septembre 2019, elle entame un stage universitaire dans une banque vaudoise, puis Dayana Carrea trouve rapidement un poste fixe à la Vaudoise, son premier emploi en CDI.

En parallèle de sa profession, elle se prépare actuellement pour passer l’examen du CFA Institute, une organisation professionnelle mondiale à but non lucratif qui offre aux professionnelles et professionnels de l’investissement un approfondissement de leurs connaissances en finance. Il vise à promouvoir les normes d’éthique, d’éducation et d’excellence professionnelle dans ce secteur. Reconnu à l’international, l’examen est divisé en trois niveaux. La jeune femme se trouve au niveau ultime, elle passera son examen final à la fin du mois d’août.

Caractéristiques du métier

La jeune femme de 26 ans est impliquée quotidiennement dans quatre domaines distincts: les actions, les programmes de protections devises et actions, les investissements alternatifs ainsi que les fonds de placement liés aux produits 3e pilier. Il existe trois fonds: le Defensive, le Balanced et le Dynamic, chacun ayant des profils de risque différents. «On gère le suivi de ces fonds, monitore leur performance et observe leur indice de référence pour savoir où on se situe. On ajuste aussi le portefeuille quand cela est nécessaire ou opportun», précise-t-elle.


Pour ce qui est de la gestion du programme des protections actions, on achète des options chaque mois après analyses. On regarde combien il faut en acquérir, on compare les montants, niveaux et coûts.

Dayana Carrea, portfolio manager chez Vaudoise Assurances


Chaque année à la même période, entre septembre et octobre, elle définit avec ses collègues la nouvelle stratégie pour l’année suivante, afin de décider d’éventuelles adaptations nécessaires. «Après avoir fait des analyses, on évalue s’il manque quelque chose qui pourrait amener plus de rendement ou de diversification pour chacun des profils de risque. Le cas échéant, on propose une solution au comité de placement, détaille-t-elle. Par la suite, on sera aussi chargés de déployer cette stratégie.»

Journée type

Chaque jour, elle lit la presse pour connaître les derniers mouvements sur les marchés financiers, traite ses e-mails, cumule des analyses, rédige des rapports et participe à des réunions. «Depuis que la situation sanitaire est revenue à la normale, c’est beaucoup plus agréable, plus interactif. Je ressens plus de dynamisme», souligne-t-elle.

Après ses trois premiers mois en télétravail à 100%, elle était enchantée de découvrir le contact direct avec ses collègues. «Le télétravail a changé notre métier d’une certaine manière. Ça a amené plus de flexibilité. Travailler depuis chez soi deux jours par semaine est très agréable car on est plus concentré.» Mais pas question pour autant de renoncer à l’ambiance du bureau. «La flexibilité est devenue aujourd’hui un enjeu primordial pour moi.»

Qualités requises

«Pour exercer ce métier, il faut avant tout de la rigueur et un esprit critique. Il y a quand même pas mal d’analyses, de chiffres, il faut être concentré et faire les choses méthodiquement», affirme Dayana Carrea. La flexibilité est également de mise. Habituée à multiplier les missions continuellement, la jeune femme insiste sur la nécessité de se montrer polyvalente, de passer rapidement d’une tâche à l’autre et d’avoir une bonne mémoire. «On est en permanence challengés intellectuellement. Les managers nous proposent fréquemment des idées nouvelles à analyser.» C’est ça qu’elle aime et qui fait toute la force de son métier, «j’adore quand ça bouge, qu’on évite la routine. J’ai besoin d’être stimulée. C’est cette variété qui rend la profession si attractive.»


On n’est pas uniquement postés derrière notre ordinateur, il y a aussi beaucoup de relationnel, à l’interne comme à l’externe, c’est un bon mélange.

Dayana Carrea, portfolio manager chez Vaudoise Assurances


Finalement, pour les amoureux des mathématiques et de l’analyse, la vie n’en sera que plus belle. Mais pas que. Le penchant pour le relationnel fait aussi partie des compétences requises. «On n’est pas uniquement cachés derrière un ordinateur. Il y a beaucoup de relationnel à l’interne de l’entreprise comme à l’externe, par exemple lorsqu’on rencontre des gérants pour nos fonds. C’est un bon mélange.»

Un article rédigé par Tiffany Terreaux, le 25 août 2022.